Deux enseignements d’une portée notable ont été tirés de la crue de 1868.
Les sciences forestières constatèrent d’une part que la surexploitation des forêts a une influence sur les débits élevés des cours d’eau et d’autre part, que les reboisements permettraient de retenir l’eau. Le Seeland (dépression profonde au pied du Jura) est particulièrement touché et les démarches entreprises en faveur d'une correction des eaux du Jura profitent d’un nouvel élan.
Avant ces événements, l’expert Elias Landolt, professeur en sciences forestières de École polytechnique fédérale (EPF) de Zurich, avait rédigé un mandat au Conseil fédéral sur les forêts de hautes montagnes Suisse inspectées dans les années 1858, 1859 et 1860.
Il y attirait l’attention sur le lien direct qui existe entre les déboisements en montagne et les inondations en plaine. Ces études débouchèrent sur l’art. 24 de la Constitution fédérale de 1874, qui attribuait à la Confédération « le droit de haute surveillance sur la police des endiguements et des forêts » dans les régions élevées.
Karl Culmann, lui aussi professeur à l’EPF de Zurich (en sciences de l’ingénieur), avait rédigé en 1864 un rapport au Conseil fédéral sur les torrents des Alpes suisses, inspectés en 1858, 1859, 1860 et 1863 ».
Il y décrivait l’ensemble des rivières et ruisseaux de Suisse nécessitant une correction qu’il classa par canton et en fonction des mesures déjà entreprises. Il y formula également des propositions. Si ces propositions ont été examinées, elles ne seront toutefois que partiellement mises en œuvre.
Enfin, les inondations de 1868 a ouvert la voie à une législation nationale sur les forêts et l’aménagement des cours d’eau. En effet, le monde politique réalise que la démarche visant à prévenir de nouvelles catastrophes doit être coordonnée dans tout le pays et qu’il faut pour ce faire octroyer davantage de compétences à la Confédération. La loi fédérale sur la police des forêts, qui place sous protection les forêts de montagne, entre en vigueur en 1876 suivie en 1877 de la loi fédérale sur la police des eaux.
C’est la première législation du nouvel État fédéral dans le domaine de la prévention des dangers naturels. Elle conduit à une augmentation des investissements dans les ouvrages de protection et au lancement d’importantes corrections.
Des torrents et des rivières de vallées sont endigués et des pentes stabilisées.
La stratégie de prévention des dangers adoptée à cette époque influencera la gestion des dangers naturels jusque tard dans le XXe siècle.
La première grande correction du Rhône, à Rarogne, a lieu en 1888.
Elle consiste principalement à construire des digues de protection contre les crues ainsi que des épis. Les travaux étaient effectués à l’époque avec des moyens extrêmement rudimentaires.
L’endiguement de la Maggia, au Tessin, à partir de 1891 illustre un autre grand projet de correction fluviale.
Le barrage de régulation de Port, dans le canal de Nidau-Büren, est aménagé entre 1936 et 1939 en tant que mesure anticipée de la deuxième correction des eaux du Jura. Pièce maîtresse de la correction des eaux du Jura, le canal de Nidau-Büren constitue le plus grand aménagement fluvial jamais réalisé en Suisse.
Construction de murs en pierre dans la zone de déclenchement de Kistenlaui près de Kandersteg en 1940.
Dans un pays montagneux comme la Suisse, la gestion des avalanches est une question de survie.
Dès le début du XIXe siècle, des ouvrages ont été installés dans les zones de départ, murs et terrasses en terre devant éviter que les avalanches puissent se déclencher. Des particuliers ou des forestiers étaient déjà pionniers de l’observation et de la description des départs d’avalanches.
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